KATMANDOU

carte de Voeux 2011 - réalisée par mademoiselleditullio@yahoo.fr

Katmandou, 2 janvier 2011, jour de mes 37 ans.
Après une bonne nuit réparatrice j’ouvre les yeux aux sons des instruments de musique du gompa (monastère tibétain) au-dessous de ma chambre. « Je saute » du lit, enfile mes fringues et file assister à la puja du matin (rituel). Je m’installe derrière les moines qui récitent leur mantra quotidien. Assis en semi lotus, je ferai une medit’, jusqu’à ce que les petits moines qui circulent dans les allées, distribuent à tous, y compris à moi le butter salted tea (thé salé au beurre) ainsi que deux chapatis avec une louche de ragout de pommes de terre aux épices. Lorsque tout le monde est servi, les mantras s’arrêtent et de drôles de sons faits par des centaines de moines et moi même résonnent dans le gompa alors que le temps continue de s’écouler.
Quelques minutes plus tard, les mantras reprennent ponctués par des petites pauses de musique qui me font monter à chaque fois des frissons de partout !
Une deuxième séance de medit’ avant de quitter le gompa et rejoindre le resto de la guest house du monastère où je prendrai un autre petit dej’ sucré cette fois avec leur excellente galette de pain tibétain. De retour à ma chambre, les yeux piquent et la fatigue m’invitera à rejoindre mon dodo jusqu’à midi.
Sophie, à Ktm depuis plus de deux mois, m’invitera à la rejoindre en centre ville dans le quartier touristique de Thamel. Nous passerons l’après-midi ensemble et fêterons mon anif à l’OR2K (la lumière de KTM) un resto israélien où l’on savourera un assortiment de mezzé accompagné d’une bonne bouteille de Côte du Rhône.
Lundi 3 janvier, nous nous pointerons à l’ambassade indienne pour faire nos demandes de visa que nous obtiendrons le vendredi 7 janvier en fin d’après midi. (1 mois pour moi et 6 pour Sophie).
Pendant cette semaine à KTM, je passerai toutes les matinées au monastère à écrire pour vous les 5 actes du trek du Solu Khumbu et tous les après midi et soirées avec So à explorer et visiter KTM. Nous ferons ensemble la connaissance de Anne et Pierre (http://transhimalaya.blogspot.com/) et parlerons de voyage à vélo et de leur aventure au Tibet
Le vendredi soir au moment de récupérer le visa indien, je rencontre Amélie et Vincent (http://2velos20000sourires.over-blog.com/), deux voyageurs frenchie à vélo qui après KTM vont traverser du nord vers le sud l’Inde et le Sri Lanka. Tout comme moi ils sont venus à l’ambassade à vélo et ensemble nous rejoindrons le quartier de Paknajol où ils logent ainsi que So, Anne et Pierre.

Tous les 6 nous partagerons un bon dîner et devinez de quoi nous avons parlé toute la soirée ????

Solu khumbu – acte 5 – Come back to Jiri

J’avais mis 4 jours pour rejoindre Namche depuis Jiri. En tant que dingue de l’endurance et pour passer le réveillon de la nouvelle année, une idée me vint à l’esprit : cette nuit là, je marcherai !
1ère journée, j’arrive de nuit à Luckla ! Après une bonne nuit, je découvre au travers de la fenêtre de ma chambre, la piste du petit aérodrome. Celle-ci est minuscule et en pente pour favoriser les décollages et atterrissages. Avant de quitter pas trop tôt Luckla, je regarde une paire d’avion, jouer !
Longue marche ce 30 décembre. Pas un marcheur étranger durant toute cette journée, juste des caravanes de chevaux et les sherpas. J’arrive à atteindre le col de Taksinku La (3055m) à 20h ce qui pour le peuple sherpa est tard !
Lorsque je frappe à la porte du petit lodge tenu par pasang, qui pour l'anecdote a été l’un des cuisto pour le trail « solu khumbu trail » organisé par le célèbre coureur Franco-Népalais Dawa dachiri sherpa , il me reconnait. Je ne le fais pas cuisiner un plat spécial pour moi et lui dis que je veux manger comme lui, sa famille et ses amis présents ce soir là.
Je ne me souviens plus du nom du plat mais qu’importe car je n’en remangerai plus.
Prenez de la farine de blé et/ou de sarrasin, mélangez là à de l’eau bouillante, disposez cette "flèque" dans une assiette, prenez dans le bout de vos doigts, un peu de cette "flèque", trempez la dans un bol de soupe super épicé !
Ça vous réchauffe, vous remplis l’estomac, vous brûle les lèvres gercées et vous n’avez qu’a vous glisser dans votre duvet quelques instants plus tard en attendant que Morphée ne vienne vous dire : « t’as bien mangé, t’as bien bu et t'as la peau du ventre bien tendue, bon courage pour ta nuit » et qu’elle se barre…
Au réveil du 31 janvier, le ciel est couvert. Et c’est parti pour un non stop pendant 24h en pays sherpa.
J’envoie du gros, la température est bonne malgré le soleil qui joue à cache cache avec les nuages et je marche en tong jusqu’au col de Lamjura La (3530m).
Ensuite la longue et difficile descente jusqu’à Kinja (1600m – point le plus bas) me fait mal aux genoux, aux cuisses mais avec les grosses chaussures j’évite les entorses.
1h30 avant d’atteindre Kinja, un seul gars arrive derrière moi. Je l’entends qu’il se rapproche. L’esprit de compèt revient en moi, j’accélère j’ai mal partout, il se rapproche toujours jusqu'à arrivé à ma hauteur.
On cause : « mais pourquoi vous allez si vite ? » me dit-il ? je lui dis : « Namasté » et enchaine en lui disant que je suis un psychopathe !
On reste ensemble jusqu'à Kinja où l’on arrive de nuit ;
Nous partageons un dal bhat et black coffee et sachant mon projet de non stop jusqu'à Jiri, il est tenté de m’accompagner et de vivre l’aventure avec moi et en même temps il est tenté de prendre une chambre ici pour la nuit. Je le persuade de rester dormir tranquille, ce qu’il fait, je préfère rester seul.
Je me fais préparer des chapattis, du fromage et des tarkaris (légumes) et j’emballe le tout dans un zac ziploc ! Mon diner du réveillon est prêt. Le dessert : 2 mars et un litre de tatopani (eau chaude) pour le chaï et le café.
C’est parti pour la nuit. Aucune étoile, le noir complet ! les nuages sont omniprésent et dès que j’attaque la remontée jusqu’au col de Deurali (2750m) des gouttes de pluies commencent à tomber.
Ah beng bravo ! quel est ce signe ? voilà 17 jours qu’il n’a jamais fait aussi mauvais. Je grimpe 45 minutes et m’abrite sous un cabanon de tressage en bambou à côté de deux vaches placides.
Qu’est-ce que je fais, j’attends, je dors un peu. Que né ni, j’ai froid à chaque pause. J’avale un mars et ça repart !
Ça monte, il pluvine, ça glisse j’envoie du petit. Je reconnais le sentier par moments jusqu'à ce que je fasse une erreur topo. Je ne reconnais plus rien, je ne vois rien. Mais où je suis ? Tout est noir. Je ne distingue rien, juste quelques mètres à la lueur faible de ma frontale. Je sors la boussole pour la 1ère fois depuis très très longtemps. C’est bien ce qu’il me semblait, je ne vais pas dans la bonne direction !
Têtu, borné, je ne ferais pas demi-tour pour retrouver la bonne pistouille. Je prendrai le bon cap à travers les terrasses de cultures. Ambiance raid Aventure. J’ai une très forte pensée pour toute la petite famille du Raid avec qui j’ai chaque fois plaisir de courir (Dadou, Benj, Céline, Val etc…) . Je me régale sans jamais me demander qu’est-ce que je fais là ? enfin juste une fois je me souviens dire à haute voix : « mais pourquoi je suis si con de ne vouloir jamais faire demi-tour pour retrouver la bonne sente ? »
Grâce à l’enseignement bouddhique et à l’équanimité, je me revois sourire en pensant seulement à progresser, à marcher, en gardant le bon cap et je finis par la recroiser cette sente.
00h, Happy new Year ! il pleut c’est ballot. Je m’abrite et déguste mon repqs en craquant un bâton lumineux qui fera office de cotillon.
J’ai froid, je bois un bon café et repars en finissant par retrouver la pistouille et ses marches monstrueuses en dalle de pierre. Que je les aime ! je suis juste 150m D- sous le col. Le vent souffle contre moi là-haut. Je m’abrite ; m’habille plus, re-bois un coup et me remet en route. Ce n’est plus très très long maintenant, une descente, une dernière montée et une autre descente il est 1h30 du mat.
Cette avant dernière descente me fait mal aux jambes, je glisse, je tombe à plusieurs reprises. J’arrive en fond de vallée épuisé. Je finis ma tatopani et repars en envoyant du « gros ». Je n’ai plus mal, comme si j’attaquais une nouvelle journée.
Rebelote, erreur de topo et je sors à l’aube à un col bien plus au nord de celui où j’aurais dû sortir ! Grâce à la clarté, j’arrive à distinguer les lumières de Jiri 700m D. plus bas. La descente n’en finit plus. J’arrive sur la place du village avec le dernier bus qui attend à 7h avec les cris horrible d’un porc d’au moins 400kg, en train d’en finir avec sa vie misérable. Vision d'horreur. Qui a dit que tous les bouddhistes sont Vègie ?
Je m’approche du micro-bus. Les gens me regardent bizarre. 30 minutes plus tard, il est plein et 8h de plus, je suis dans le centre de Thamel à KTM (Katmandou).
Une bonne bière, un bon repas et je me retrouve dans ma chambre au Monastère Benchen dans le quartier de Swayanbuthnat !

Pour les passionnés de chiffres, la partie montagne dans le massif du solukhumbu se résume à :
- 17 jours et une nuit de marche dont 1 jour de repos.
- 23600m D+ / D- soit une moyenne de 1388m D+/D- / jour.
- 108h de marche soit 6.75h/jour
- Journée de marche la plus longue : 9h20 et 16h35 le non-stop.
- Journée de marche la plus cool : 2h40
- Point le plus haut : 5850m (en allant vers le sommet de l’Island Peak)
1520m
- Plus beau souvenir : le panorama depuis Gokio Ri
- Plus mauvais souvenir : il n’y en a pas !

Solu khumbu - Acte 4 - Cho la (5360m) - Renjo la (5360)

Au retour du sommet de kala patthar, je rejoins le Lodge à gorak shep où j'avais
laissé mon sac à dos et je prendrai un bon ptit dej avant de redescendre la vallée
pendant 1h30.
Je marche pour la 1ere fois depuis très longtemps avec le soleil de face qui me
brule le visage (merci la casquette LSN) pour passer dans la vallée similaire à
l'Ouest. J'emprunterai un sentier qui va me mener à Gokio via le Cho la mais je
ferai halte à l'unique lodge ouvert et bien pourri à Dzongla (4830m).
Je dois m'aguerrir un peu plus chaque jours au froid car cette nuit je me suis
surpris à ouvrir le duvet. Mais malgré le soleil qui à peine pointe son nez
lorsque je mets le pied dehors, c'est le 1er matin ou j'enfilerai toutes les
fringues que j'ai avec moi mais très vite je me retrouverai avec juste mon pull
merinos et ma fine polaire.
Je marche d'un bon rythme et j'ai rarement froid. Lorsque la pente s'accentue,
dans les gros blocs juste en dessous du col, je quitterai même la polaire fine et
je fixerai les bâtons de marche sur le sac pour m'amuser à poser les mains et la
gomme de mes La sportiva sur des grandes dalles de granit. Au col, je me retourne et j'aperçois deux marcheurs bien en dessous qui ont observé ma progression.
S'ils pensent que là où je suis, c'est le passage, ils doivent certainement se
dire : c'est ça le passage ?"
Après le col, un petit plateau recouvert de glace m'oblige à taper fort des pieds
pour adhérer.
Dans la descente, de nouveau des gros blocs et je saute de l'un à l'autre comme
un mioche ! Pour l'anecdote, j'y perdrais mon unique petite serviette de toilette
en synthétique que j'avais acheté en 2008 à Astrakan en Russie.
Celle-ci, accrochée à l'une des bretelles de mon sac a dos, n'a pas supportée les
secousses. Je suis encore plus léger...
Et puis c'est pas pour ce que je m'en sers...je ne vous décrirais pas mon état
mais depuis maintenant 13 jours, certes je n'ai pas pris de douche mais ça c'est
pas grave, j'ai du me laver les mains seulement 4 ou 5 fois. Alors
lorsque je rejoins le hameau de Dragnag (4700m) et en attendant que le Dal Bhat
soit prêt, j'irai casser la glace qui recouvre le petit ruisseau juste à côté et
je me ferai une petite toilette. (Les mains et juste le bout du nez suffiront)
Assez bizarrement, je ne me sens pas sale (hormis le dessous des ongles) et pour
cause, la nature ici n'est pas sale, pas de pollution si ce n'est les bouts de
papiers plastiques sur les sentiers...
Par contre moi qui de nature, ai un odorat très sous développé, lorsque je mets
mes chaussettes sous mon nez, je comprends alors aujourd'hui seulement les
remarques que tout le monde a pu me faire pendant toutes ces années.
Je traverse l'énorme langue glacière du NGOZUMBA GLACIER pour arriver à Gokyo. Je
négocie le prix du Dal Bhat et d'une chambre dans un lodge et je laisserai mon
sac pour grimper light au sommet du gokyo peak à 5360m.
Wouahou, que c'est beau. C’est à mes yeux, le plus beau des panoramas qui est
donné de voir sur le massif de l'Everest pour un petit trekkeur comme moi. Cho Yu
(8201m) au nord, Everest, Nuptse, lhotse et loin à l'Est, le Makalu !
Au sommet je fais la rencontre de Richard, un américain de 56 ans, qui prend
plein de photos panoramique et qui à ma demande, me « chouttera » aussi !
Je reste longtemps sur le sommet et je profiterai même pour continuer vers le
nord sur l'arête rocheuse dont j'adore sillonner comme vous le savez maintenant.
Apres mettre bien amusé seul sur l'arête, je reviens au sommet de gokyo peak.
Richard est toujours la, ainsi que 3 coréens avec leur guide et un Indien de
Bombay. Ensemble nous contemplerons, rigolerons, prendrons des tofs et resterons

là jusqu'a voir le soleil se coucher à l'Ouest, nous offrant des couleurs et des
instants magiques !
La descente sera rapide et même si je suis seul dans le Lodge, Richard et les
coréens, m'inviteront dans leur Lodge pour trinquer ensemble.
Les coréens sont des bons vivants : 55 ans passés pour ces trois là et c'est à
coup de mélange bière-whisky que nous lèverons nos verres à la santé du jeune
indien pour son anniversaire.
À 4700m, un seul petit verre me suffira pour être pompette. Je m'endormirai comme
tous les soirs, comme un bébé et c'est seulement a 8h30 le lendemain que
j'ouvrirai les yeux.
J'hésite à rester une journée ici pour faire une marche aller-retour le long du
glacier mais à 10h30, je choisis finalement le sentier qui me conduit au Renjo La
(5360m) afin de rejoindre la vallée de la Bhote koshi river. De celle-ci je
rejoindrai très vite Namche.