Changement de rythme


C'est à Osh que le départ est fixé. 48h à traverser du nord au sud la Kirgizie, avec Yann et Tolik, le pino sur le toit du 4X4.
Mercredi 12 mai 2010 nous enjambons le vélo. ça fait très mal.

Arrivés à Kashgar hier, précipités sous la douche, nous profitons du week-end pour nous remettre... Une première semaine à vélo, 8 jours exactement et un peu moins de 500 km pour rallier Kashgar (Chine) depuis Osh (Kyrgyzstan). La météo ne nous a pas épargné. En commençant par un beau soleil les premiers jours, elle s'est dégradée au fur et à mesure que nous prenions de l'altitude ... jusqu'à l'assaut final de la neige.

Nous apprécions tous les deux faire enfin partie du paysage, être à l'air libre et profiter des longs bivouacs même si pour le moment le physique est loin d'être au top. Le rythme devient plus naturel qu'en camion et nous prenons davantage de temps pour nous détendre et observer l'environnement qui nous entoure. Aucun regret quant à l'investissement du pino qui fonctionne impeccablement pour le moment. Son confort est indéniable même si sur les montées il faut parfois pousser mais ce sont aussi les jambes qui font défaut et son poids avec la remorque qui nous ralentit énormément.

Lors de l'ascension d'un col à 3700m, Olivier m'a même persuadé de sortir la voile de traction et à ma grande surprise ça a aidé. On a dû tout remballer avant la dernière côte suite à une chute lors de laquelle les fils se sont emmêler les pédales mais la sensation est définitivement grisante. A quand un prochain vent favorable et une route bien dégagée pour remettre ça ? La technique est loin d'être au point surtout pour amorcer le départ lors de vents violents. Une question reste à élucider : dois-je d'abord décoller la voile puis me mettre sur le vélo ou l'inverse ? La réponse la prochaine fois.

Transition

Les arbres disparus au Turkmenistan sortent de nouveau de terre. Un pays vert, souriant et paisible, nous voilа dejа en Ouzbekistan. Egares depuis la Turquie, nous retrouvons les touristes. Boukhara, Samarcande, Tashkent sont autant de noms qui resonnaient dans nos esprits. Un poil decus par la seconde avec ses grandes allees amenagees, nous trouvons beaucoup plus de charme а la premiere. Le passage а Tashkent pour l'obtention du visa kirgize n'est qu'une formalite.
Dejа la tete dans le guidon nous pensions vite passer la frontiere mais c'etait sans compter sur l'hospitalite Ouzbek, et une meteo des plus imprevisibles...

Depuis Tashkent nous recevons une demande d'un compagnon de route d'Olivier (Kazakhstan 2008). Presque deux ans auparavant cet autre Olivier avait fait la route en velo couche que nous nous appretons а faire en camion. Il aimerait qu'on retrouve une famille qui l'avait heberge pour leur transmettre quelques photos. En deux deux
nous imprimons photos et recolletons infos sur la situation de la maison que nous trouvons facilement. Mais point de famille а l'interieur. Nous menons l'enquete et quelques 10 km plus loin а force d'insistance nous debarquons devant une maison d'ou une jeune femme sort. Je reconnais immediatement ses boucles d'oreilles, les memes que sur la photo. C'est gagne. Nous lui montrons alors les photos et elle comprend rapidement pourquoi nous sommes lа.

48h ne suffiront pas pour honorer toutes les invitations dont nous faisons l'objet dans le village. Pour la premiere fois nous vivons avec une famille. Les moindres details nous eclairent sur tant de choses qui nous semblaient alors incomprehensibles. Aller chercher l'eau dans la rue, cuisiner au bois dans la cour, faire son pain, des gestes repetes qui font un quotidien. Celui-ci est alors completement chamboulle quand Zumrat me propose d'aller prendre la douche en ville et de faire des courses au bazar. Femmes et enfants, nous partons avec le merco а la ville а quelques kms du village. Regards ebahis de tous, hommes et femmes confondus, lorsqu'ils me decouvrent au volant, et Zumrat si fiere qui prend du galon.

Extenues apres toutes ces sollicitations, nous arrivons tant bien que mal а passer la frontiere. Tout juste entres en Kirgizie, nous nous posons sans prendre garde а la route. Nous apprendrons plus tard que le mois de mai est repute pluvieux. Le lendemain le chemin pour regagner l'axe principal est une marre de boue. Nous voilа bloques pour quelques jours en priant le soleil. 24h immobilises, n'y tenant plus, nous lacherons 20$ а un paysan peu scrupuleux qui viendra finalement nous tirer d'affaire. Nous remettons ca le jour suivant sur une piste herbeuse gonflee d'une terre plus qu'humide. C'est ce bon vieux cric hydraulique et 3 calles en bois qui vont cette fois-ci nous sauver. Verte kirgizie donc, arrosee tous les jours...

A l'heure actuelle nous sommes chez la famille Guillerm ou nous profitons de leur genereuse hospitalite pour faire la transition merco/pino. Dans quelques jours nous enjambons notre nouveau vehicule...