A poil...

Au propre comme au figuré. Plus de 300$ à lâcher pour traverser le Turkmenistan (taxe pétrolière, assurance obligatoire...) pour se retrouver en plein été.

Retour en arrière sur L'Azerbaidjan et sa capitale Baku. La ville est immense, très polluée, avec un trafic d'enfer. Elle laisse peu de place à la ballade tranquille. Seuls refuges à cette terrible agitation, la vieille ville, minuscule enclave composée de quelques rues piétonnes cernée par une enceinte, et les parcs, même si bien trop léchés apportent un coin de verdure. C'est un petit Dubaï à ce qu'il paraît...

Astreints à résidence par la douane azeri et ne pouvant embarquer qu'à partir du 21 avril (visa turkmène commençant le 22) nous profiterons de la semaine pour squatter le port et faire repos, lessive, entretien camion, montage vélo. Nous risquant le dimanche à faire notre première sortie en Pino, nous sommes vite découragés par l'interdiction de circuler dans les parcs de la ville. Au centre culturel français nous retrouverons Anne&Louis que nous pensions déjà au Kazakhstan. Hébergés chez un pote de pote dans Baku, ils profitent de côtoyer la jeunesse azeri. Ils embarqueront finalement pour Aktau le mardi et nous le lendemain. La traversée durera 17h pour moins de 500 km, de nuit, dans une couchette innommable. On s'en sort plutôt bien, certains sont restés 36h, voire plus, dans le bateau.

Et enfin nous arrivons en Asie centrale.
Premier paysage de steppe, mort de l'arbre, une bosse, c'est un chameau ou un dromadaire ?
Après l'attente à Baku, les multiples aller-retour dans les multiples bureaux pour tamponner de multiples papiers, l'embarquement, la traversée, l'arrivée à Turkmenbashy, et de nouveau 5h à la frontière pour la valse des bureaux, papiers, tampons, ces paysages de rien nous reposent.
Le visa de transit de 5 jours nous laisse juste le temps de traverser les 1200 km pour rejoindre l'Ouzbekistan par une route unique imposée aux touristes. En compensation de la taxe pétrolière versée à l'entrée du pays, le carburant ne coûte pratiquement rien, le plein du camion nous revient à 12€. Les premiers jours de chaleur nous fatiguent et les attaques virulentes de moustiques nous empêchent de sombrer dans sommeil réparateur. Et puis on s'habitue, on se trempe dès que l'on voit le moindre filet d'eau sortir de terre...

La fin de la première partie du voyage approche, la "soft", celle avec tout le confort à portée de main,un toit tous les soirs et un gros moteur pour porter de quoi boire, manger, se laver. Demain, déjà !, nos cuisses aujourd'hui blanches et flasques (enfin les miennes !) seront notre moteur. Bientôt nous retrouverons Yann et sa famille, la Kirghizie, ses lacs et ses montagnes pour troquer Sprinter contre Pino. En attendant ils nous restent L'Ouzbekistan à découvrir, Boukhara (d'où l'on écrit), Samarcande, Taschkent où nous ferons le visa kirghize. A ce qu'il parait les frontières suite aux récents événements politiques sont de nouveau ouvertes. Dernier jour du visa pour rentrer en Chine : le 4 juin, il faudra donc être sur le vélo au plus tard le 25 mai pour un départ de Osh direction Kashgar.

Ces deux mois de route nous ont permis progressivement d'approcher L'Asie centrale. En faisant les visas au fur et à mesure de notre avancé, c'est finalement l'administration des différents pays qui a rythmé le voyage. Ce choix a également forcé de belles dérives dans les villes à la recherche de plans, puis de consulats planqués, puis de belles rencontres inespérées pour nous aider...

Première invitation et premiers invités...

Avant de quitter la France nous étions dans les dernières fois et en ce moment nous vivons nos premières (enfin surtout pour moi).
Notre première donc visite d'intérieur fut en Géorgie. Juste après avoir passé la frontière et traversé Batumi, nous quittons la grande route et montons, montons, montons pour finalement nous garer de nuit entre deux maisons. Deux types sortent d'une maison, on leur explique que l'on est des touristes français, que l'on dort dans le camion, Ok pas de problème. Le lendemain matin, Manuchar (23 ans) toque au camion et nous invite à boire le thé/café. Sa grand-mère sur le perron nous accueille tout sourire avec 3 dents au milieu et des yeux pétillants...
Au milieu trône une grande table et le poêle qui chauffe avec toutes sortes de gamelles dessus, ça fait tremper du linge, ça fait mijoter...
Nous échangons quelques infos en un anglo-russe approximatif. Au cours de la discussion, nous sommes confortés dans l'idée au vu de la taille des maisons qu'au moins 3 générations vivent sous le même toit. En posant quelques questions sur la production de vin en Géorgie, Manu nous parle aussi de l'alcoolisme dans son pays en se frappant la gorge avec l'index (un signe déjà bien connu d'Olivier). Skipper 6mois de l'année sur de gros bateaux, on comprend qu'il passe ensuite 3 mois à boire et 3 mois à se remettre. Fait commun apparement, il a scratché la voiture familiale suite à une beuverie.
Finalement on quitte la maison familiale quelques heures plus tard, la grand-mère encore accrochée aux bras. La traversé de la Géorgie jusqu'à sa capitale, Tbilissi, est une des plus arborée que nous ayons faite jusqu'à présent. Peupliers, eucalyptus, bambous, noisetiers, chênes, fruitiers, vignes... et de petites jardineries partout aux bords des routes témoignent d'un respect profond des géorgiens pour la nature. L'état des routes est déplorable dès que l'on quitte LE grand axe et il faut jongler entre les trous et les vaches qui paissent en liberté aux abords des maisons.

Arrivés à Tbilissi le jeudi soir, nous sommes vendredi matin à l'ambassade Azeri. Les visas serons à récupérer le mardi suivant. Excellente nouvelle.
Du coup on se lache, on s'offre bain sulphuré et vin géorgien. Pour le week-end on décide de s'écarter un peu de la ville, direction Telavi et sa région viticole.
Nous rencontrons en route, un couple de français à moto, Anne & Louis, avec qui nous partagerons le bivouac du samedi soir. Nos premiers visiteurs, qui partis comme nous en mars se donne 6 mois pour faire l'aller-retour jusqu'en Mongolie. Au final l'escapade s'est révélée décevante, beaucoup de temps passé sur des routes en très mauvais état pour approcher quelques vignes et apercevoir de loin les montagnes du Caucase. La pluis guette et nous passerons le lundi, de retour à Tbilissi dans un café à écouter les gouttes tomber. Dommage car la ville est vraiment agréable pour se ballader, cernée de collines verdoyantes avec de beaux points de vue.

A l'heure où nous vous écrivons, nous sommes arrivés à Bakou, capitale de l'Azerbaidjan. Pays pétrolier nous le savions... mais la surprise est de taille en débarquant dans la ville plutôt luxueuse, bâtiments officiels majestueux, jardins grandioses, pelouses nickel, rues pavées... et grosse pollution. Nous sommes coincés dans le port avec d'autres voyageurs en attente de l'ouverture de notre visa Turkmène le 22 avril et donc d'un départ en bateau vers Turkmenbashy. En effet il nous a été plus ou moins imposés de laisser le camion sur le port de Bakou, dans la zone douanière alors que nous avons un visa 30 jours pour l'Azerbaidjan mais qui n'est pas applicable au véhicule. D'autres ce sont balladés sans tenir compte de cette restriction...

Premieres rencontres...

Toujours sans guide et munis d'une carte générale de la Turquie à grande échelle, nous roulons sans trop savoir où aller en Cappadoce. Un premier bivouac en altitude à côté d'une fontaine nous permet de faire le plein d'eau, une bonne toilette et le nettoyage du camion. Nous repartons vers 12h et découvrons un premier site que nous allons explorer : Ilhara. S'en suit la visite du monastère de Keslik, un bref passage à Urgup et à Uschisar. Nous arrivons en fin d'après-midi à Goreme, appés par la ville construite au centre d'un cirque de "cheminées de fées". Hyper touristique (mais pas trop quand même en avril), nous profitons des restos, cafés internet... et installons le camion en plein dans la ville. Au matin, le vaste terrain de jeu que propose les sites alentours nous appelle. Partis pour une simple ballade, nous reviendrons 3h plus tard après avoir silloné à travers le canyon du village. Diversité des reliefs, des couleurs, des roches, des matières. Une concentration de paysages étonnants et une exploitation par l'homme depuis des millénaires qui l'est tout autant.
La route qui va nous conduire ensuite à Trabzon (Côte de la mer Noire) est remarquable. Une première journée avec un ciel bleu absent de nuages. Une fois de plus les paysages de Turquie sont incroyables. Collines verdoyantes, terres flamboyantes. Les premiers espaces cultivés commencent à donner, le blé, vert chlorophylle contraste avec une terre rouge que l'on imagine généreuse même si pleine de pierres... elle se mérite. A l'heure du déjeuner nous nous arrêtons prêt d'un lac où un groupe de bergers font paitre leurs brebis. On entame alors une grande discussion sur un échange éventuel Camion<>Brebis mais rien n'y fait. Nous repartirons chacun de notre bord en leur laissant de quoi faire plus vite passer la journée : du vin de noix. Plus tard sur la route un car nous fait signe de nous arrêter, en carafe, un pneu crevé avec un chauffeur moitié manchot. En 15 min chrono, Olivier sort le cric hydraulique, la caisse à outil (merci Yves), dévisse en 2 temps 3 mouvements la roue, passe sous le bus sort la roue de secours et remet tout ça en place. Les mecs sont tous bluffés, RESPECT.
Aujourd'hui mardi 6 avril, un mois que nous sommes partis, 5000 Kms au compteur, et nous rencontrons sur le bord de la route notre premier grand voyageur à vélo : Gurkangenc, qui, parti de Samsun (Turquie) depuis 5 jours avec ses potes, se donne huit mois pour rallier le Japon afin de célébrer cette année une amitié entre les deux pays vieille de ... Ils sont 5 et bientôt il sera seul à traverser Georgie, Azerbaidjan, Ouzbekistan, Turkmenistan, Kyrghyzstan, Kazakstan, Russie, Mongolie, Chine puis Japon. Peut-être nous recroiserons nous? L'eternelle
question/promesse que se font tous les voyageurs au long cours...
Chaleureusement, dans la meme journee, nous nous sommes faits offrir, le the le matin, puis les patisseries et le parking lors de notre passage a Trabzon.