Manali to Leh


Voila presque un mois que je suis à Leh.
Je m’efforce donc de donner des news sur ce blog, pour vous. Mais comme le disait mon Ami Benj, dans un commentaire alors que j’étais en Turquie : "sûr que le type, il est plus fort avec une clé qu’avec un stylo", alors ne vous attendez pas à des trucs Chouettes. Hein !
Je suis parti de Manali le 3 septembre, à l’assaut de la 2ème route la plus haute du monde, soit disant !
Dès Manali. C’est 2000m de dénivelé positive sur 50kilo pour franchir le 1er col (rothang La) à 3975m. Sûr quand partant de Manali à midi, je ne le franchirais pas le 1er jour. 1er bivouac sur une herbe bien grasse. Ce côté sud du col est toujours sous l’influence de la mousson. Le « Rothang la » sera la plus grosse difficulté physique du trajet jusqu’à Leh. La piste, dans un état désastreux en fin de mousson m’a bien souvent fait mettre pied à boue pour avancer... Mais je me sentais bien !
Mon cerveau, mon esprit, toujours rongé par le lâche abandon subi quelques semaines auparavant, s’arrêtant parfois de ressembler à un papillon, les efforts, la souffrance physique ont été de bons remèdes.
Au sommet, quelques gargotes offrant le thé et des nouilles chinoise Maggi pour les indiens du sud qui viennent pour la plupart, toucher la neige pour la 1ere fois de leur vie, m’ont permis de déjeuner et aussi de faire la rencontre de Nadine et Gaétan, deux cyclistes Suisses avec qui j’ai eu le plaisir de rouler jusqu’au lendemain après-midi. Ils s’arrêteront à Keylong tandis que j’ai fait le choix de pousser plus loin, pour me poser en pleine nature. Vers 18h, une heure avant la nuit, juste avant le village de Jispa, j’aperçois certainement mon dernier petit oasis de verdure à 3500m d’altitude. Un petit groupe de paysans Indiens sortirent du sentier que je voulais emprunter pour poser le bivouac. L’un d’eux, le boss, m’invitera à passer la nuit avec sa famille. Des Indiens bouddhistes, Génial ! J’y passerai un agréable moment et malgré l’insistance pour que je reste un jour de plus, je reprendrai la route.
En une journée, je passe d’une zone tampon entre la vallée de la Beas (région du Lahoul) baignée par la mousson et le laddakh, extrêmement désertique. J’y verrai une végétation de buissons, de petits arbres, mais aussi des pins et des genévriers. Les principales cultures sont l’orge pour faire la Tsampa (farine d’orge grillée), le blé, le sarrasin et les pois.
Nouvelle journée, bien ensoleillée, je roule bien, et je poserai mon bivouac (le plus haut jamais posé) dans la montée du col « baralacha La 4890m) à 4380m sur un petit monticule d’herbe rase. (J’adore être en hauteur). Ça y est, tout est minéral !
Le lendemain, après avoir passé le col, je roule tout sourire et je m’enverrai 82km en 6h30 de pédalage. Je n’en reviens pas ! Je quitte l’Himachal Pradesh, me voici dans la région du Jammu and Kashmir. Après une seconde d’hésitation, J’attaquerai en fin d’après-midi, l’ascension du Nakee La (4900m), sans eau, pour ne pas avoir de sur poids (j’en ai assez avec le tandem) par le lieu dit « Gata Loops » où il y a 21 virages en épingle à cheveux (style l’Alpes d’huez). Entre 2 épingles, je croise Cécile et Nathanaël Cecile sur un trike et Nathanael, sur un Handi-trike. Nathanaël avance avec la force des bras, ici, sur ces pistes et de plus il est chargé et trimballe derrière lui son petit fauteuil roulant ! Leçon de relativité !
On échange quelques minutes mais chacun d’entre nous est à la recherche d’un spot pour le bivouac. Ce sera, le plus beau des bivouacs de tous mes voyages. Perche a 4700m d’altitude, sur un éperon rocheux, en bord de falaise, avec un mince filet d’eau quelques mètres plus loin pour mon plus grand des plaisirs.
Puis vient mon 1er 5000 à vélo, le Lachalung La (5100m). Je prends mon temps, le paysage lunaire est scotchant pour les yeux. Je me sens si bien. Je m’amuserai même pour la 1ere fois en solo, à me faire tracter par la voile de traction. Le vent, pas assez régulier et soutenu, m’a souvent fait mettre pied à terre pour refaire décoller la voile. Et pourtant, au col, j’y parviens avec la voile gonflée à bloc. J’arriverai à stopper le vélo, le mettre sur béquille et à m’amuser encore un peu avec le vent.
Je me l’étais promis (jeu à la con je vous l’accorde) de me faire péter l’estomac et les papilles avec le pot de brandade de morue « coudène »que je charrie depuis chez nous, à mon 1er 5000 ! Chose promise, chose faite, avec en plus, de succulents Chapattis (petites galettes de blé) préparer dans la tente le matin. Des plaisirs simples mais c’est si bon !
La suite de la piste, c’est bien sur grosse descente dans de magnifiques gorges super encaissées, mais l’état de la piste m’empêche de me lâcher !
A 16h, j’arriverai à Pang, un hameau de tente parachute où je boirai un Tchai. Le ciel est menaçant mais je fais le choix de poursuivre et de remonter 300m de dénivelé pour voir un contraste étonnant. Une pénéplaine de more (More plain) à une altitude de 4700m.
Des dizaines et dizaines de kilomètres à plat, mais avec un léger vent de face. Je n’ai pas d’eau et je doute d’en trouver ici. Alors je pousse (monsieur plus) jusqu’a la nuit en espérant trouver de l’eau. En vain. Heureusement ou signe comme vous voudrez, le matin je me réveille avec la tente recouverte de neige, qui m’apportera l’eau nécessaire pour mon thé et ma tsampa.
Nous sommes le 9 septembre, et je pense à Jean-Michel, mon pot de Villefort qui a dû arriver à Leh le 8 au matin. Je ne voudrais pas le faire trop attendre, alors je roule. Au niveau du Tso Kar Lake, la route directe qui mène à Leh par le « Tanglang La » à 5360m est coupée suite aux graves inondations qu’a subies la région début août. Une déviation sur plus de 130km par l’Est est obligatoire. (mais vous êtes sur que ça ne passe pas à velo ??? chu sur que ça passe moi)...
Je prendrai donc cet itinéraire jusqu’en fin d’après-midi, après avoir passé le « Polo Kong la » à 4970m, je descendrai tout doux jusqu’au hameau de Puga avec à ses cotés, un paradis d’herbe pour les Dzos (hybride du yak et de la Vache). Je ferais quelques photos en même temps qu’un 4x4 avec 2 touristes australiens qui s’arrêteront à côté de moi. Signe ? Je leur demande si je peux partager leur 4x4 jusqu’à Leh et me voila chargé à l’arrière, tandem sur le toit. Nous rejoindrons Leh à 21h. Je vous passe le chapitre « malade » sur ces pistes et routes aussi tortueuses que nos routes cévenoles...
Extenué, j’arriverai à 22h dans une petite est charmante Guest House « GOMANG GESST HOUSE » à changspa à un petit plus d’un kilo au nord du centre de Leh, guidé grâce à un Ukrainien sur une Royal Enfield.
Apres une douche bien méritée au seau d’eau chaude, je m’effondrerai sur un lit bien dur.
C’est vendredi 10 septembre que j’ai l’immense plaisir de retrouver Jean-Mi (Jami comme prononcent les Ladakhis) pour tout le mois de Septembre au Little Tibet.

5 commentaires:

  1. Olivier (bikarouk)mardi, 05 octobre, 2010

    ouah ouah ouah!
    Que dire, j'en reste bouche bée! C'est super Olivier, vraiment super!

    Tu dois en prendre plein les yeux! Quelle santé, avec un tandem en plus...j'ose même pas imaginer la tronche des mollets :)

    Je te souhaite encore plein de beaux bivouacs perché au dessus de l'immensité!
    Avec toute mon amitié,
    Olivier

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  2. Ca fait rêver ninou, il me tarde de voir les superbes photos!!!
    Tu vas avoir un de ces caissons en bike!
    Passer 5000 en vélo, c'est énorme!

    Bonne route poto...

    biz
    xymox

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  3. magnifique, je t imagine perché dans ces montagnes avec dame nature qui t apprend tous les jours
    moldavou

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  4. Bravo, T'es fort et tu le sais, je te suis, t'envie aussi un peu, ça doit vraiment être exceptionnel Take care safe trip... Eng

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  5. Content que tu aies trouvé un super bivouac dans les Gata Loops!
    Tu aurais pu tenté de passer le Taglang La (c'est parce que nous n'osons pas que c'est difficile) !
    ;)

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